Cerdagne - Conflent - Capcir - Juin 2018 - Compte-rendu de visite

Remerciements

Nous tenons à remercier chaleureusement Jean-Marc Lewin qui nous a accompagné pendant tout notre séjour et nous a fait découvrir toute la flore de la région, ainsi que des stations et des paysages magnifiques. Le succès de ce séjour tient entièrement de sa connaissance du terrain et de la botanique. Merci à toi Jean-Marc !

 

Mercredi 20 juin 2018

Nous sommes une bonne vingtaine de personnes à se retrouver à Ria-Sirach, dans les Pyrénées-Orientales, aux débuts du Conflent sur la route de la Cerdagne, pour une première station de basse altitude.

 

Il s’agit de trouver Epipactis kleinii, un Epipactis du groupe atrorubens, qu’on ne trouve en France que dans la région.

 

Au début, nous sommes abusés par des E. microphylla défleuris, mais une dernière fleur ouverte nous permet de nous reprendre.

 

A côté, les Cephalanthera damasonium sont en fruits, dont un sans chlorophylle (la gousse est blanche !), ainsi que C. longifolia.

 

Plus haut sur le talus de la route, près d’un Anacamptis pyramidalis en fin de floraison, nous trouvons enfin notre première coche : 3 Epipactis kleinii en pleine floraison, puis un groupe d’une quinzaine un peu plus bas avec une belle variabilité de couleur des fleurs, du vert très clair au rouge très foncé.

 

Pour la flore : Campanula rapunculoides et Consolida ajacis dont des presque blanches.

 

Nous montons en fin de fin journée à notre camp de base : l’Ancienne Auberge de Bolquère, où nous serons très bien reçus pendant tout notre séjour (et à commencer par un apéritif de bienvenue). On est également accueilli par orage, pour ce qui sera la seule averse du séjour : 4 jours de grand beau temps nous attendent.

 

Jeudi 21 juin 2018

Départ à 9 heures pour Targassonne, où nous explorons les prairies plus ou moins humides au-dessus de la route de la centrale solaire.

 

Tout de suite une autre coche pour certains d’entre nous, le bel Anacamptis coriophora subsp. martrinii, qui se comptera par centaines.

 

On le reconnait entre autres à son gros éperon très long et coudé.

 

Autre découverte pour beaucoup d’entre nous, Dactylorhiza savogiensis, du groupe maculata, au labelle finement ponctué et aux sépales inférieurs très fins, droits, dressés et repoussés en arrière.

 

Autres orchidées présentes : Dactylorhiza majalis, Gymnadenia conopsea, Neotinea ustulata et Platanthera chlorantha. Pour la flore : l’Apiacée endémique des P-O Endressia pyrenaica.

 

Nous continuons vers l’est et la commune d’Enveitg où nous empruntons une petite route qui monte parmi les prairies parsemées de centaines (milliers ?) d’Anacamptis coriophora subsp. martrinii.

 

La vue est superbe sur toute la Cerdagne française et espagnole, et nous empruntons une carraire plus ou moins transformée en ruisseau. Ici aussi il a beaucoup plus !

 

Parmi les Geum hispidum (endémique pyrénéen), de beaux Dactylorhiza savogiensis assez variables et bien fleuris, de nombreuses Neotinea ustulata et quelques Platanthera chlorantha. Et toujours des centaines d’Anacamptis coriophora subsp. martrinii !

 

Pour la flore : Lathyrus nissolia, Orobanche caryophyllacea et Veronica orsiniana.

 

Après un pique-nique devant le beau panorama, nous rejoignons la station de ski de la Calma à Font-Romeu, où nous effectuons une grande boucle en suivant les pistes de ski de fond et les prairies particulièrement fleuries. Nous sommes à plus de 2000 m d’altitude, et la flore est caractéristique de cet étage subalpin.

 

Côté orchidées, toujours de très nombreux Dactylorhiza savogiensis, et notre première nigritelle : il s’agit de Gymnadenia austriaca, en début de floraison, un seul exemplaire, mais nous en reverrons bientôt.

 

Pour la flore, en particulier : Cardamine amara et C. Cardamine pratensis subsp. nuriae, Cytisus oromediterraneus, Eriophorum vaginatum, les très belles Gentiana pyrenaica et verna, Linaria alpina (ici toute bleue), le délicat Myosotis alpestris subsp. pyrenaeorum, Pinguicula vulgaris, Silene suecica, le rare Tephroseris helenitis var. discoidea et la très belle Viola tricolor (plutôt bicolor ici).

 

Vendredi 22 juin 2018

Le matin nous décidons d’aller au Pas de la Casa, à la frontière avec la Principauté d’Andorre.

 

Si le côté français en rive droite de l’Ariège nous offre de beaux alpages, le côté andorran présente un étonnant capharnaüm de bâtiments de diverses formes et coloris, ce qui n’empêche pas quelques membres de faire de petits achats.

 

Mais c’est bien les pentes françaises qui nous attirent, avec tout d’abord de nombreuses nigritelles, cette fois-ci des 2 espèces pyrénéennes : Gymnadenia austriaca (grandes fleurs au labelle bien ouvert, bractées lisses) et Gymnadenia gabasiana (plus petites fleurs au labelle fermé, bractées papilleuses).

 

Elles sont en début de floraison et côtoient quelques Dactylorhiza sambucina et de nombreux Pseudorchis albida.

 

Une découverte au-dessus du parking, quelques Orchis mascula aux feuilles non maculées et munis d’une bractée allongée et blanche, taxon décrit par Monique Balayer sous le nom d’Orchis mascula subsp. longibracteatoides. Nous y verrions plutôt une variété.

 

Une très belle flore variée dans les combes à neiges et le long des ruisseaux : Androsace carnea subsp. halleri, Caltha palustris, Primula integrifolia, Soldanella alpina. Dans les prairies : Ajuga pyramidalis, Anemone alpina subsp. apiifolia, Bartsia alpina, Botrychium lunaria, Daphne mezereum, Pedicularis pyrenaica, Primula elatior subsp. intricata.

 

Nous retournons sur nos pas pour nous arrêter au début de la descente du Col de Puymorens.

 

Sur le talus de la route des milliers de Dactylorhiza sambucina jaunes et rouges sont encore bien fleuris. Parmi eux de nombreux D. x zimmermanii, l’hybride entre les 2.

 

Également présentes les 2 nigritelles, Gymnadenia austriaca et gabasiana, en début de floraison, tout comme G. conopsea. De magnifiques Orchis mascula, et quelques Platanthera chlorantha complètent le tableau. Côté flore, une belle population de Viola canina.

 

Le pique-nique a lieu au parking du bout de la route des Lacs, un très bel endroit pour se restaurer à l’ombre des grands arbres !

 

Juste à côté, nous commençons l’après-midi dans une belle forêt, au pied d’une pente qui abrite une très belle population de Neottia cordata bien fleuries.

 

Pour la flore, les classiques Moneses uniflora et Orthilia secunda, ainsi que Viola riviniana.

 

Pour finir la journée, Jean-Marc nous propose de remonter le début des Gorges du Segre à Llo, un endroit magnifique, où nous commençons par trouver une petite population d’Epipactis fageticola malheureusement pas très en avance.

 

Plus loin, après un arrêt aux sources sulfureuses, Epipactis atrorubens est un peu plus en avance mais non fleuri.

 

Ici c’est l’abondance des Dactylorhiza fuchsii qui marque surtout, mais nous trouverons aussi 1 Coeloglossum viride et 1 Platanthera chlorantha, 3 Neottia nidus-avis et une seule N. ovata :  les 3 Neottia dans la même journée !

 

La flore est aussi très intéressante avec Asplenium scolopendrium (la seule du coin sur le mur des sources), Pedicularis comosa, Potentilla rupestris, le spectaculaire Saxifraga paniculata sur les falaises, et aussi Veronica urticifolia et Vicia incana.

 

Samedi 23 juin 2018

Cette journée va être consacrée à une randonnée botanique dans la vallée d’Eyne, une réserve naturelle nationale, et connue par les botanistes depuis le 18e siècle. Andanson, de Candolle ou encore l’Abbé Coste ont parcouru cette vallée qui est surnommée la Vallée des Fleurs. Et elle le mérite ! Si notre pas de botanistes ne nous a pas permis de grimper jusqu’au col final, nous avons quand même atteint la cote 2350 m au Pla de la Beguda.

 

La balade commence dans les prairies derrière le parking, avec de nombreux Gymnadenia conopsea.

 

Dans les prairies, Dianthus carthusianorum, Gentiana lutea et Paradisea liliastrum sont en pleine floraison.

 

Au bord du chemin, Aconogonum alpinum, Heracleum pyrenaicum et Thalictrum aquilegiifolium.

 

Le sentier monte ensuite dans la forêt, où nous rencontrons Helleborus viridis, Lilium martagon et pyrenaicum malheureusement non fleuris (mais ce dernier était en fleur dans un jardin de Bolquère …), Oxalis acetosella ou encore Pulmonaria affinis.

 

Plus haut, dans les prairies humides au bord du torrent, Dactylorhiza majalis et Orchis mascula, et aussi de belles populations de Gymnadenia austriaca.

 

Côté flore, encore de jolies Anemone alpina subsp. apiifolia, Geum rivale, Iberis sempervirens, Oxytropis hallerii, Pinguicula vulgaris, et bien sûr le roi de la montagne, Rhododendron ferrugineum, dont les touffes en pleine floraison parsèment la montagne de rouge. Nous apercevons même quelques isards sur les pentes de l’autre côté du torrent.

 

A la sortie de la forêt, les premiers alpages nous réservent une belle surprise : de somptueuses touffes de l’Adonis des Pyrénées (Adonis pyrenaica), un peu défleuries au début mais qui deviendront parfaites au fur et à mesure de notre montée.

 

La flore est très variée et je ne peux que citer les plus spectaculaires ou rares : Androsace carnea subsp. halleri, Arenaria grandiflora, Daphne cneorum, Draba aizoides, Erigeron aragonensis, Gentiana alpina, pyrenaica et verna, Linaria alpina, Plantago monosperma, Ranunculus gouani ou encore Salix pyrenaica et de belles touffes de Silene acaulis, enfin Viola biflora et V. rupestris.

 

Plus haut l’herbe devient plus rase, la neige était là il n’y a pas si longtemps. Gymnadenia gabasiana est encore en bouton à cette altitude, mais assez nombreuse.

 

Dans les ruisseaux, le spectaculaire Saxifraga aquatica et le discret S. androsacea, puis au bord, Primula integrifolia et Primula latifolia, et puis des coussins de Globularia repens.

 

Avec en fond des paysages magnifiques, des falaises, des pics, des névés, cette vallée mérite bien sa réputation et nous la recommandons à tous les botanistes.

 

La journée se terminera pour certains au feu de la St-Jean organisé dans toute la vallée par l’association de la « Flama del Canigo' » : un feu est allumé la veille au sommet du Canigou en présence de représentants de tous les villages, et chacun repart avec un tison qui sert à allumer le feu de son village le lendemain. Solidarité !

 

Dimanche 24 juin 2018

Départ habituel à 9 heure en direction du Capcir et du lac de Puyvalador, créé par un barrage sur l’Aude naissante.

 

En rive gauche, sur la commune de Formiguères, nous découvrons une belle population de Dactylorhiza incarnata subsp. pulchella, constitué de fleurs assez claires pour certaines, et plus foncées pour d’autres. 2 D. majalis sont observés, ainsi qu’un hybride entre les 2 espèces (D. x muligensis).

 

La flore est représentée par Angelica sylvestris, Armeria arenaria subsp. bilbilitana, Phyteuma gallicum (ici loin du Massif Central), Thalictrum flavum et Trifolium montanum subsp. gayanum.

 

Sur les talus des routes, nous pouvons également admirer de très belles populations assez spectaculaires d’un grand lupin américain naturalisé dans toute la région : Lupinus regalis.

 

Retour à la limite du Conflent et de la Cerdagne, dans des prairies pâturées ou non de la commune de Saint-Pierre-dels-Forcats.

 

Nous trouvons tout de suite 2 populations de Gymnadenia distinctes.

La première concerne des plante rose pâle, en fin de floraison, avec un labelle de forme odoratissima mais avec un éperon plus long que l’ovaire : ce sont des G. pyrenaica, mais Jean-Marc préfère à juste titre un nom donné en Espagne pour ce taxon, G. odoratissima subsp. longicalcarata. Elles se rapprochent assez nettement des Gymnadenia de Lapanouse-de-Cernon par exemple.

La 2ème concerne des plantes en tout début de floraison, rose foncé, le Gymnadenia conopsea classique (mais avec un individu hypochrome dans la population).

 

Les autres espèces sont les classiques de ces milieux : Coeloglossum viride aux couleurs variables, Dactylorhiza savogiensis en grand nombre, ainsi que Gymnadenia austriaca, quelques Neotinea ustulata et un Platanthera chlorantha.

 

Côté flore, quelques nouveautés comme Eryngium bourgati malheureusement encore en bouton, Gentianella campestris, Juncus balticus subsp. pyrenaeus en fleur et Pilosella billyana.

 

Après le pique-nique pris à l’ombre de grands arbres, nous nous dirigeons de nouveau vers Llo histoire de boucler le tour complet des Gorges du Segre avec retour par la chapelle St-Félix.

 

Près du parking, de nombreux Cyanus segetum parsèment de bleu les cultures avoisinantes.

 

Au début des Gorges, déjà explorées vendredi passé, nous photographions un Dactylorhiza fuchsii albiflora qui avait échappé à la plupart d’autre nous (mais pas à Diane !).

 

Passé le pont sur le Segre, nous découvrons en sous-bois quelques Epipactis fageticola débutant et 3 E. atrorubens en boutons, une seule Neottia ovata et de très nombreux Dactylorhiza fuchsii plus ou moins fleuris.

 

Mais l’originalité du lieu tient plus à sa nature géologique : on trouve ici des couches de calcaires surmontées de schiste, ce qui fait que la diversité botanique est assez étonnante : Jasione montana, Muscari matritense, Phyteuma charmelii et P. spicatum, Potentilla rupestri, Sisymbrium austriacum subsp. contortum, et sur les parois : Erodium glandulosum, Saxifraga media et Saxifraga pubescens.

 

Enfin, en bord du torrent s’épanoui la grande Valeriana pyrenaica.

 

Retour donc depuis la ferme par la chapelle St-Félix, d’où la vue sur toute la Cerdagne est vraiment impressionnante.

 

Toujours beaucoup de Dactylorhiza fuchsii le long du chemin, mais aussi une grosse population de D. majalis dans laquelle nous déterminons un hybride entre les 2 (D. x braunii).

 

Également pas mal de Gymnadenia conopsea, et un unique Platanthera chlorantha décidemment très rare.

 

La flore est toujours très diversifiée, avec entre autres : Astragalus monspessulanus subsp. gypsophyllus (variante très claire de la plante que nous connaissons), encore Erodium glandulosum, Helianthemum italicum, Jacobaea adonidifolia, Lavandula angustifolia subsp. pyrenaica malheureusement non fleurie, Nepeta latifolia, Orobanche rapum-genistae, Paronychia kapela subsp. serpyllifolia, Plantago holosteum…

 

Enfin, après avoir observé, à la demande du propriétaire, un Dactylorhiza fuchsii préservé dans une pelouse, nous finissons la journée par Geranium divaricatum sur les murs du village.

 

Fin de la session ce dimanche soir avec un dernier repas convivial à l’hôtel. Le lendemain, la rentrée en Provence se fera sur un rythme plutôt touristique pour récolter d’ultimes souvenirs de cette région si accueillante.

 

Liste des espèces rencontrées :

26 taxons : Anacamptis coriophora subsp. martrinii (2 stations), A. pyramidalis (1), Cephalanthera damasonium dont sans chlorophylle (1), C. longifolia (1), Coeloglossum viride (3), Dactylorhiza fuchsii dont f. albiflora (6), D. incarnata subsp. pulchella (1), D. majalis (4), D. sambucina dont D. x zimmermanii (2), D. savogiensis dont hypochrome (4), Epipactis atrorubens (2), E. fageticola (2), E. kleinii (1), E. microphylla (1), Gymnadenia austriaca (6), G. conopsea dont hypochrome (5), G. gabasiana (3), G. pyrenaica (1), Neotinea ustulata (3),  Neottia cordata (1), N. nidus-avis (1), N. ovata (2), Orchis mascula (4), O. mascula var. longibracteatoides (1), Platanthera chlorantha (6), Pseudorchis albida (2).

 

2 hybrides : Dactylorhiza fuchsii X D. majalis (D. x braunii) et D. majalis X D. incarnata subsp. pulchella (D. x muligensis)

 

Participants (29) :

 

SFO PACA (18)

BARTHÉLÉMY Monique, BLAIS Pierre-Michel et Hélène, DURAND Régine et Yves, FOUCHER Mireille & René, GUÉGAN Jean-Pierre et Aline, HEYMES Jean-Marc PINAUD Michel et Annie, PONCET Michèle et Fernand, RAIBAUD Diane et Jean-Louis, ROLLAND Robin, WAGNER Gérard

 

SFO LR (1)

CARRÉ Michèle

 

SFO RA (3)

INGLES Jean et Mireille, ROLANDEZ Serge

 

Notre guide (1)

LEWIN Jean-Marc

 

Accompagnateurs occasionnels (6)

GALLON François, LAMAURT Guy et Catherine, PEYROT Brice, TOCABENS Jean-Claude et Nicole