7 mai 2017, sortie SFO Languedoc, Rougiers, Sainte-Beaume

En ce début mai, la SFO-Languedoc a décidé de sortir de ses terres pour découvrir les orchidées des régions limitrophes. Cette année, c’est en réponse à une amicale invitation de la SFO-PACA, sous la houlette de P.M. Blais, qu’elle s’est rendue dans le Var avec pour objectif d’approcher, entre-autre, le groupe « Ophrys bertolonii » avec deux taxons, O. bertolonii (ou O. aurelia) et O. saratoi (ou O. drumana). Ce sont 11 personnes qui se sont retrouvées à Rougiers dans le but d’explorer une infime partie du massif de la Sainte-Baume. Le ciel densément plombé n’a pas entamé l’enthousiasme ressenti à l’observation des premières populations d’O. bertolonii, non sans avoir tout d’abord religieusement écoutés les diagnoses permettant de le distinguer d’O. saratoi, plus montagnard. Quelques magnifiques individus ont ainsi réjoui les photographes, motivés par plantes portant jusqu’à 8 fleurons. Mais l’attention du groupe a été détournée vers le groupe O. scolopax, plus complexe et plus variable. Quelques dizaines de pieds d’O. scolopax ont affiché leurs caractéristiques reconnaissables ; mais certains individus ont rapidement déclenché une discussion en raison de fleurs atypiques aux labelles présentant un lobe médian plus rond muni de petites gibbosités. La nouveauté sur cette première station a été la découverte d’O. picta, unanimement reconnu par les participants.

 

Les conditions météo se sont alors dégradées sur la route montante au Plan d’Aups, à travers une remarquable chênaie pubescente. Le premier arrêt a cependant balayé nos inquiétudes liées aux éclairs éblouissants par la découverte d’une rare station de Limodorum trabutianum, encore en boutons, en compagnie de L. abortivum, d’Epipactis helleborine, O. bertolonii et Aceras anthropophorum. La pluie s’accentuant, le groupe rejoignit les véhicules et progressa vers le sommet pour y observer O. saratoi. C’est alors que les éléments se sont déchainés sur cette station : orages violents, pluie diluvienne et grêle ont eu raison de l’entêtement des plus assidus. Aucun d’entre-nous n’a échappé à « l’humidité » ambiante, ni même le matériel photo ; le retour aux voitures avait pris l’air d’une Bérézina qui affecta le moral du groupe. Il fallait réagir car l’heure du déjeuner approchait et les conditions ne se prêtaient guère à un picnic champêtre. Christine et Alain, adjoint au maire de la commune de Mazaugues, nous ont donc invités dans leur demeure, un ancien moulin à blé restauré, pour partager un repas frugal. Invitation très aimable, salvatrice, et Ô combien appréciée, d’autant que nous fûmes accueillis par un feu de cheminée réconfortant et un « vin » d’orange des plus délicieux.

 

C’est donc remontés à bloc que les orchidophiles ont repris la route, stimulés par de timides éclaircies bien vite inhibées le brouillard et la fraicheur du Plan d’Aups où nous attendaient quelques pieds d’un hybride entre Orchis provincialis et Or. mascula ayant échappé au gel nocturne. La visite des sous-bois de chênes au pied de la falaise de la Sainte-Baume, nous a permis de découvrir des milliers de pieds d’Anacamptis morio, contrastant avec le vert tendre des prairies et au milieu desquels le jaune pâle d’Or. provincialis était facilement reconnaissable. La chance nous a également souri avec les premières floraisons d’O. funerea (ex sulcata) et de Cephalanthera longifolia, et les dernières d’Himantoglossum robertianum. C’est alors que l’inattendu se produisit : le vent a balayé les derniers nuages et un soleil éclatant et radieux a facilité l’observation d’O. saratoi de la station suivante, non sans avoir préalablement détourné un troupeau de moutons qui, tout comme nous, convoitait le site. Ce fut l’occasion de partager avec le berger nos ressentis respectifs sur l’intérêt du pâturage ovin sur la préservation des pelouses à orchidées. A proximité, une petite population d’O. scolopax suscita à nouveau une discussion au sujet de sa variabilité morphologique de ses fleurs. Dans la descente vers le parking, notre regard fut attiré par un groupe d’Ophrys au périanthe blanc qui s’est révélé être O. picta, montrant ses fleurs au petite labelle, aux gibbosités ouvertes vers l’extérieur et aux deux pétales filiformes. Selon les orchidophiles autochtones, cette observation scelle définitivement la présence de cette espèce dans le Var.

 

Grand merci aux membres de la SFO-PACA et à son président pour cette journée enrichissante (et vivifiante) dans le massif de la Sainte-Baume où les languedociens se sont  promis de revenir… par beau temps.

 

 

 

Pour la SFO-Languedoc

 

Michel NICOLE